drapeau français

Oser l'irraisonnable

Le travail du dimanche se perd le lundi.

C’est dimanche, jour de repos. Je ne travaille jamais le dimanche, sinon j’ai peur et je culpabilise. Cependant, comme la semaine s’annonce chargée, je me sens poussée à repasser ma corbeille de linge. C’est la première fois que je vais travailler un dimanche. À peine suis-je devant ma table que j’imagine perdre mon portemonnaie, recevoir une grosse facture, plier la voiture, me casser une jambe. Bref mon imagination déborde d’idées dramatiques.

Tu réfléchis sur ton action et tu poses une valeur morale dessus.

C’est automatique, je ne peux pas m’en empêcher.

Cet automatisme est lié à une mémoire ou une parole entendue dans ton passé.

Ma mère m’a toujours dit que le travail du dimanche se perdait le lundi.

Cette croyance l’aidait à respecter les préceptes de sa religion.

De plus, lorsque j’étais petite, je me rappelle qu’un jeune agriculteur s’est tué avec son tracteur parce qu’il travaillait le dimanche.

Aujourd’hui, tu sais que cet accident est arrivé selon son plan de vie.

Oui, mais je ne parviens pas à me libérer des paroles de ma mère.

À cause de leur valeur morale.

Cette valeur s’est donc fixée dans une mémoire et sa force perdure de nombreuses années plus tard ?

Oui, et cette mémoire te fait vivre des émotions et nourrit ta vision du bien et du mal.

La chambre est envahie par l’odeur du linge fraîchement repassé. Je suis ravie de mon travail, car il va soulager ma semaine, mais la certitude que je ne serai pas punie n’est pas absolue.

Le fondement des valeurs morales que tu as reçues est lié à la loi du bien et du mal et non à celle de la lumière. Ne t’en occupe pas.

Les valeurs entrent plus facilement qu’elles ne sortent.

Elles te maintiennent dans l’ignorance.

Grâce à la force qui m’a poussée à repasser mon linge un dimanche, j’ai compris à quel point j’étais conditionnée par une mémoire solidement ancrée dans mon être. Heureusement que j’ai écouté les multiples bonnes raisons d’avancer dans mon travail plutôt que mes peurs, même si je trouvais mon attitude totalement irraisonnable.

C’est en supportant le choc du côté irraisonnable de ton comportement, que tu as pu te libérer des valeurs morales rattachées à ces expériences passées.