Qu’est-ce que je prends avec moi si je meurs maintenant ? La pensée trotte dans ma tête et je passe en revue ce qui se trouve dans ma chambre d’enfant : lit, commode, tapis, habits, posters, jeux, livres d’école, objets décoratifs, argent de poche ? Bof ! Puis je songe à mon entourage : papa, maman, frères, sœurs, copines, voisins ? Non ! Peut-être ce que j’apprends à l’école : orthographe, géographie, maths, histoire ? Mystère ! Reste ce que je suis : qualités, défauts, mémoires ? Oui ! Je vais prendre une boîte à souvenirs pour m’en aller au paradis, au purgatoire ou en enfer. J’ai tout intérêt à éviter l’enfer, vu ce qu’on m’en a dit au catéchisme. Je vais plutôt viser le paradis, même si je dois passer par le purgatoire, zone inévitable si j’en crois le curé. Là, je prends la plus grande décision de ma vie : je dois faire attention à bien remplir ma boîte à souvenirs, avant de quitter cette planète. Pour m’en aller où, déjà ?
Dans le monde astral.
Le curé n’a jamais dit ça.
Il a une vision particulière des mondes invisibles.
Le monde astral est rempli de boîtes à souvenirs ?
Oui.
Alors, en plus de toutes les branches de l’école, il faut aussi que j’apprenne comment ça marche dans le monde invisible, sinon je vais me retrouver complètement dépaysée de l’autre côté.
Tu es souvent allée dans le monde astral, tu le connais. Tu sais que tu y es jugée selon tes mémoires ou ta boîte à souvenirs, si tu préfères. C’est de là que viennent tes peurs.
Alors ma boîte à souvenirs est déjà pleine.
Elle contient toutes tes mémoires, mais tu vas en effacer, en modifier, en ajouter. C’est pour ça que tu es là.
Pour jouer avec des mémoires ?
Pour évoluer.
Le marchand de sable passe. Dès demain, je m’occupe de ma boîte à souvenirs.